Un défi pour son biographe : ses vies parallèles...       

                                                                           (Par Fernand Cortex)

...Selon Pascal, on pourrait commencer par cette photo officielle que je lui laisse le soin de commenter :

Sur ce cliché du 8 mai 1945, le photographe de l'Armée a saisi le moment où je surmonte ma forte myopie pour adresser aux silhouettes qui m'entourent mon salut fraternel et mes encouragements à parachever la libération des institutions comme des mœurs. Tandis que ma nurse me sourit, ma maman, très mode dans son tailleur Jean Patou (dont les restes me firent plus tard une écharpe écossaise) et chapeautée de son Willoughby, se penche sur moi en me prenant la main avec la vaine intention de me souffler ma prochaine réplique... Dans mon landau signé «Bonnichon» qui est une sorte de Bentley pour bébé, entouré de fleurs qui n'ont pas été cueillies dans les bois et paradant au milieu de braves gens du quartier de l'Étoile qui n'ont sans doute pas souffert de la faim ces dernières années, certaines intuitions me troublaient déjà…"


      Pascal est né le 7 octobre 1943 à Paris... 

...où il habite, avenue Hoche ; sa mère, Mathilde, est célibataire, elle tient un commerce de linge de maison de luxe "Au lit blanc" rue du Faubourg Saint Honoré ; c'est une belle femme, décidée, excellente cavalière. Pascal n'est pas un "accident" mais un enfant désiré qu'elle élèvera seule. Son père, Fernand, industriel textile, est de son côté marié et père de trois enfants ; mais le couple a un statut quasi officiel depuis 1936 et se séparera en 1947. Mathilde vend son commerce et s'installe à Chatou, dans une grande maison où elle crée un "home d'enfants" Le Petit Poucet. De santé délicate, Pascal, qui a lu couramment avant quatre ans y commence une scolarité à domicile sous la tendre autorité d'une jeune institutrice d'origine anglaise, Pamela dite Pam-Pam. En 1949, Pascal a une scarlatine suivie d'une mastoïdite. Sur avis médical, Mathilde arrête son activité, loue sa maison à des américains et emmène Pascal sur la côte d'azur. Ils s'installent à Cannes puis à Golfe Juan. Quatorze mois de bonheur épanouissant pour Pascal qui lit beaucoup, y compris des romans anglais, découvre le cinéma, rencontre Picasso et d'autres adultes intéressants ; la Princesse Bibesco lui offre son livre "Le perroquet vert".

Fin 1951 Mathilde vend la maison de Chatou et s'installe à Saint Germain en Laye où elle ouvre une teinturerie, son nouveau métier. Pascal poursuit sa scolarité par correspondance (Hattmer), entre en sixième au Lycée International puis poursuivra ses études classiques (Latin,Grec) à Paris (Du Guesclin puis Condorcet). Il habite désormais Bagnolet où Mathilde exploite une teinturerie . Vers douze ans, déjà lecteur boulimique et mélomane précoce, il dessine et commence à écrire. À quatorze ans il confie ses premiers textes au poète Serge Wellens (1927-2010) qui l’accueille en poésie et lui transmet la recommandation de Max Jacob d’avoir un métier et l'exigence de n’écrire que sous l'impulsion d'une urgence. En avril 1959 Mathilde s'installe à Caen pour se rapprocher de son oncle et sa tante, qui l'ont élevée. Cette arrivée dans une ville encore en reconstruction est d'abord vécue par Pascal comme un exil immérité : pourtant il s'y épanouira rapidement au gré de nouvelles amitiés, de nouvelles amours et de nouveaux engagements politiques. Il termine sa scolarité secondaire : Lycée Malherbe, Blaise Pascal, et philo au Centre National de télé-enseignement (1962). Il écrit de nombreux poèmes et recommence à dessiner et peindre après la rencontre avec le peintre Jacques Pasquier.

Mais le 18 octobre 1961 c'est la rencontre décisive et la liaison avec Franceline Adt, 16 ans. Ils se marieront le 9 juillet 1965. Tout en travaillant (enseignant vacataire) il avait commencé à la Faculté des lettres de Caen des études de philosophie et de sociologie qu'il interrompt pour exercer des métiers de subsistance (vendeur d'encyclopédies, agent d'assurances...). Franceline et lui entrent à l'École du Trésor pour financer la reprise de leurs études de sociologie et passer les concours de Contrôleur et d'Inspecteur ; malgré la réussite de Pascal au concours d'Inspecteur ils démissionnent au profit d'un passage à l'Education nationale et enseignent un an dans un collège technique mais ne peuvent terminer la licence, l'Institut de sociologie (1) ayant été supprimé après avoir joué un rôle moteur dans le mouvement étudiant de 1968, dans lequel Pascal s'était totalement impliqué — jusqu'à subir les violences du SAC (2). Leur fils, Axel-Boris était né cette même année, le 18 octobre. Franceline est à nouveau enseignante vacataire et Pascal, exerce de nouveaux emplois précaires (vendeur, assistant accessoiriste de cinéma, délégué médical stagiaire, chef d'équipe de distribution publicitaire...). Son père (3) meurt le 27 octobre 1969. Pascal est engagé en 1970 comme cadre de vente par Baby-Relax S.A. dont il accompagne le développement par la réorganisation et l'animation de son réseau commercial et par la rénovation de sa communication. D'abord basé à Poitiers, il s'installe à Neuilly-sur-Seine en 1973.

(1) Animé par le philosophe Claude LEFORT dont la personne et l'enseignement  les ont profondément inspirés.

(2)Service d'Action Civique, police parallèle gaulliste.   -   (3) Fernand HERBIN (1885 - 1969)

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